Une parenthèse pour écrire
24 Septembre 2021
Construire sa vie comme on peint un beau tableau, ou se contenter d’observer et de rester dans l’ombre ?
C’est peut-être la question que se pose cette jeune fille, accoudée à la fenêtre.
La contemplation du paysage ne semble pas la préoccupation essentielle de cette adolescente de 17 ans. D’ailleurs, la colline, les habitants, le voilier sont à peine esquissés, les humains presque invisibles.
La jeune fille, avec son visage caché en partie, fait vagabonder ses pensées. De sa silhouette, se dégage une dynamique sensuelle forte, tempérée la pose enfantine des pieds et les ballerines roses.
Pourtant, la serviette blanche, négligemment posée sur le rebord de la fenêtre, renvoie à l’intimité de la femme. La jeune fille voit-elle son bonheur à l’horizon ? Dans ce cas, elle ne l’atteindra pas, car, le bonheur et l’horizon se dérobent sans cesse à l’approche de nos pas. Mais, elle l’ignore encore, elle n’a que dix-sept ans.
La jeune fille rêve de son avenir ; sera-t-il figé comme la station balnéaire ou mouvant comme les flots ?
Son peintre de frère a pris la précaution de ne pas enfermer le personnage, il manque un vantail à la fenêtre, signifiant peut-être que l’existence n’est jamais oblitérée.la jeune fille aura le choix, vivre ses rêves, partir ou rester…
Les couleurs sourdes du premier plan du tableau apportent douceur et paix. Les effets de lumière illuminent le personnage, le ciel, la mer, une partie de la fenêtre, celle sans vantail, qui ne se refermera jamais !
L’analogie de couleur et de motif entre la robe et les rideaux, les isole dans leur statut de simples objets, bien que la fenêtre semble presque dotée d’une vie qui lui est propre.
Dali a peint sa jeune sœur, elle accapare le tableau, une force émane d’elle, en dépit de sa pose indolente. Les couleurs du mur, du carrelage et un vague effet de perspective, font naître un léger sentiment de vacuité, de néant. Ce serait ce le vide existentiel dont le peintre voudrait préserver sa jeune sœur ?
Le spectateur, dont le regard n’interfère jamais avec celui de la jeune fille peut compter sur sa jeunesse et sa vitalité afin qu’elle accomplisse son existence.
La consigne : Dans le cadre des rencontres des arts de la ville Gignac la Nerthe, dire ce que nous inspire une photo, une peinture...