5 Juillet 2014
Force de la nature. Le vent, l’eau, tous les éléments sont des forces de la nature.
Pour moi, c’était une montagne, un personnage très cher à mon cœur.
Chacun le définissait à sa manière : homme de stature imposante, sa corpulence, la force qu'il dégageait, éveillaient naturellement l'estime et la considération des gens.
Un casque colonial, une taillole et une très grande moustache étaient ses signes distinctifs, nul autre, alentours, ne pouvait être semblable à lui.
Le patriarche, le paysan, l’incomparable, le vieux quelquefois, étaient ses surnoms et tous comprenaient et reconnaissaient le personnage.
Il régnait en maître sur un domaine dont il était métayer et ne craignait ni hommes de loi, ni maraudeurs, ni maraîchers, ni voleurs.
Dans ces périodes de disette, pourtant, fallait-il qu’il soit vigilant ? Les melons disparaissaient à sa grande colère, les courgettes se transformaient souvent en personnages inanimés, les blés se couchaient par l’imprudence et la négligence de certains rôdeurs attirés par ce lit naturel.
Il savait tout faire, était bon à tout, attirait toutes les sympathies qu’elles soient humaines ou animales.
Ne dit-on pas que c’est à travers ces signes que l’on reconnaît un grand personnage : il en était UN !
Et comme tout Être de cette trempe, il savait aussi apprivoiser la compagnie des animaux.
Miquette, sa petite chienne toute blanche vous en aurait raconté des histoires et des aventures sur ce patron dont elle était l’ombre.
Cocodette aussi, la « dodelinante » et fidèle petite cane qui, dans tous ses déplacements avec sa ribambelle de canetons le suivaient à la queue leu leu.
Et que dire de ses chevaux Papillon et Saligaud, aussi roux l’un, quand l’autre était d’une blancheur ragoûtante. Ils le reconnaissaient à sa voix imposante et directive et poussaient des hennissements pour lui faire comprendre qu’ils étaient prêts aux labours.
Tout méritait respect à ses yeux, les hommes, les animaux, la machinerie agricole, les écuries et autre auge à cochons.
Et tout devait être respecté et protégé, la moindre parcelle de terre, les vignes, les oliviers, les arbres : attention ! à la main criminelle qui s’aventurait à casser la branche. Toute cette nature témoin de profond labeur et de journées harassantes méritait égards et considération.
Poules, cochons, chèvres et lapins, subsides vivants du revenu si modeste, eu égard au travail fourni quotidiennement, faisaient aussi l’objet de toute son attention.
Pour lui, j’étais « Pope », pas une quelconque, mais la quatrième de ses petits-enfants les plus proches, dont la grande pudeur paysanne lui défendait de nous manifester des élans de tendresse ou quelques signes de familiarité ou d’amour grand-paternel, même si...
N’est-ce pas grâce à moi que nous avons souvent essuyé les foudres de sa colère, moi, la plus petite et à leur dire, celle qu’il aimait le plus ? Idée reçue bien sûr !
Moi, qui servait d’alibi à toutes nos bêtises et venait toujours en avant-garde d’une permission à demander.
Me revient en mémoire cet après-midi d’été où avec ma sœur et mon cousin, nous avions voulu nous délecter de melons dans le champ côtoyant la ferme. Pas assez futés pour lui, il nous avait surpris : notre seule échappatoire était le moulin à huile qui abritait de nombreuses cachettes.
Il nous aurait été impossible de tenir la moindre brindille dans nos mains, tant nous tremblions de peur. Cette peur s’était accentuée lorsqu’Il était apparu, tel un géant, dans l’encadrement de la porte qui ne nous avait jamais paru aussi petit.
Nous l’aimions tant !
Il était là, il est toujours là, comment oublier un tel personnage ? Impossible ! L’exemple laissé est si fort et empreint de droiture et de respect.
Pour les autres c’était Jean, pour moi, il était Pépé !
Et l’adulte que je suis devenue lui voue une admiration et une reconnaissance incommensurable même devant sa photo jaunie.
NB. : La consigne consistait à répondre au questionnaire : celui, celle, ceux qui nous ont marqués.
Et ensuite faire le portrait du personnage choisi.