LA PIE DE CLAUDE MONET

Chut…, tout est si tranquille…

Chut…, la nature dort…

Elle dort tant et si bien, que la journée s’étire dans un état léthargique.

D’un blanc laiteux, à peine distrait par quelques rayons de soleil, le ciel lui-même peine à s’éclairer.

Pourtant, les arbres dépouillés de leurs feuillages ont revêtu leur plus bel atour : un joli manteau neigeux qui leur confère un certain prestige. Tels des princes vêtus d’hermine, ils déploient leur ramure en ces temps de difficile froidure. 

La longère aussi tourne le dos à ce spectacle froid et silencieux. Aucune fenêtre ne s’ouvre sur le grand nord. Aucun feu de cheminée ne se laisse deviner pour venir réchauffer notre regard.

Le soleil, toujours aussi timide, tente néanmoins de s’accrocher. Il s’agrippe, résiste ; on aperçoit d’ailleurs la trace de ses efforts. Ses rayons ont laissé des marques : de sombres griffures dans le champ blanc et immaculé.

Personne n’a osé pointer le bout du nez tant le froid est mordant.

Ou plutôt, qui a osé pointer le bout de son bec ?

Chut…, elle est si tranquille et cependant aux aguets. Car enfin cette pie ne serait-elle pas plus vaniteuse que curieuse ?

Curieuse de voir ce bonhomme, tout emmitouflé et armé de son matériel de couleur, bravant le frimas. Oui assurément…

Mais certainement vaniteuse, elle prend la pose la coquette, sûre que son plumage permettra à cet artiste de réaliser un chef-d’œuvre.

Car elle en a la certitude, son maintien et sa prestance pourrait donner un titre à ce paysage hivernal : « La pie » de Claude Monet.

La consigne : Dans le cadre des rencontres des arts de la ville Gignac la Nerthe, dire ce que nous inspire une photo, une peinture...