13 Octobre 2018
Qui connait encore les" Quatre Pins" à Gignac ?
Ces deux mots résument à eux seuls une partie du passé de la petite ville ou plutôt du gros bourg qui a accueilli dans les années 60 tous les "migrants" désirant bâtir quelque part leur nid, réceptacle futur de la famille qu'ils allaient construire.
La photo familiale de Danielle nous montre un groupe de trois personnes juchées sur une moissonneuse en train de récolter le fruit de leur labeur. Du blé ou plutôt de l'avoine va être mis en gerbe. Il fait chaud. Le soleil darde ses rayons. Il écrase la scène de lumière. Les cigales sont certainement là, tapies dans la végétation en train de cingler les oreilles.
Les deux hommes et la femme fixent l'objectif. Ils prennent la pose pour l'éternité. Les photos sont rares à cette époque. Elles restent dans les familles. Frêles témoignages du passé, on ne sait plus vraiment quels personnages y sont figés. S'ils pouvaient revenir ces trois paysans, comme tous ailleurs dans le monde, ne sauraient plus reconnaître l'environnement qui fût le leur.
On aperçoit les collines de la Nerthe en arrière-plan de la photo. Les célébrissimes « Quatre Pins » sont entre elles et l'engin agricole. Des champs de blé, à Gignac, je n'en ai jamais vus. Ils s’étaient déjà perdus dans les sablières de l'entreprise Malfatto et quand celle-ci a pris la clé des champs et les camions quittés le site, quel magnifique terrain de jeux s'ouvrait alors devant les enfants du village. Promenades « nature » avec les enseignants. Parties de vélo seul ou en groupe. Courses folles dans les gravats. Apprentissage de la conduite automobile.
Mais tout ce beau terrain à ne rien faire ! "Mais Madame il faut le rentabiliser, voyons". Et depuis, on rentabilise ! Adieu vilain terrain sauvage ; le thym y poussait allègrement au milieu des genêts et des rues malodorantes mais fleuries. Adieu paysage campagnard et rustique. Tu as disparu derrière nombre de lotissements, maisons et immeubles. Il faut bien loger tout le monde, n'est-ce-pas ?
Combien de fois n'a-t-on pas entendu cette réflexion : "Il n'y a plus de paysans à Gignac." Quand bien même on le voudrait, peut-on s'opposer au progrès ? Les enfants de mes enfants feront des enfants et j'en serai heureuse. Ils auront leur maison, bien sûr, quelque part, près des Quatre Pins d'un autre village.
Adieu donc, monde ancien, où chacun trouvait à peu près sa place quand il acceptait le labeur quotidien qui assurait sa subsistance. Il avait l'espoir d'un avenir enchanté, mais la chanson qu'on nous susurre aujourd'hui, ne semble pas être celle qui était espérée.
Qui connait encore les Quatre Pins à Gignac ?
"Bof ! Ce ne sont que des arbres !"
C'est si peu important de nos jours.
" Hélas !! "
La consigne : Dans le cadre des rencontres des arts de la ville Gignac la Nerthe, dire ce que nous inspire une photo, une peinture...